D’anciennes archives le confirment: le nom de Châtagneréaz serait apparu à la fin du XIIe siècle. Mais on cultiverait des vignes à cet endroit depuis déjà deux cents ans… Depuis le XVIIIème siècle, le plafond de la cave accueille les noms de tous les vignerons ayant dirigé le domaine. «Le mien n’y est pas encore, car la tradition veut qu'on l’y inscrive à notre départ, explique Tony Heubi, chef vigneron à Châtagneréaz. Donc j’espère inscrire le mien dans un peu plus de trente ans, lorsque je prendrai ma retraite.» Le jeune vigneron a effectivement le temps : passionné depuis toujours par le vin, son parcours est rapide : il ne lui faut que quelques stages pour comprendre qu’il est fait pour travailler à l’extérieur, dans les vignes. Le voilà parti pour des formations de viticulteur et de caviste, avant un brevet fédéral à Changins.
C’est en novembre 2015 que Tony Heubi débarque à Châtagneréaz pour sa première expérience en tant que chef vigneron. Le voir ici est presque une évidence, tant il apprécie ces terrains spécifiques au chasselas. «C’est un terroir complexe et très intéressant à travailler, raconte Tony. J’aime particulièrement le Premier Grand Cru, qui est simplement splendide!» Sur les 20 hectares répartis autour du château, son équipe et lui cultivent en écrasante majorité du chasselas, et de manière traditionnelle. C’est-à-dire que les vignes sont plantées serré afin que les racines aillent plus bas pour chercher tout ce que le terroir peut leur donner.
Cet aspect minéral du terroir se ressent dans le Premier Grand Cru, tout en lui laissant une certaine fraîcheur. Sont-ce les gigantesques tonneaux en chêne trônant dans la cave qui permettent cela? «Oui, précise Tony. Ils jouent un rôle positif sur l’élevage et permettent de concevoir un chasselas taillé pour la garde et la gastronomie.» L’autre blanc du domaine, le viognier, est un cépage originaire de la Vallée du Rhône aux effluves d’abricot et aux saveurs acides et puissantes. Mais Châtagneréaz, c’est aussi un (petit) peu de vin rouge avec l’assemblage de gamay d’Arcenant, et de gamaret. Sa belle couleur rubis associée à des tanins farouches font de lui un superbe accompagnement des viandes rouges. Comme quoi, le vin blanc n’est pas seul maître des lieux… EN CAVE Blanc: chasselas Premier Grand Cru, viognier. Rouge: Grand Cru (assemblage gamay d’Arcenant, gamaret).
C’est pour le chasselas Premier Grand Cru 2011 qu’opte Tony: «Il reflète vraiment bien le domaine, entre l’évolution formidable dans le temps et sa structure complexe aux notes exotiques.»
Un vieux gruyère très affiné, à déguster en fin de repas avec le même chasselas de quelques années. «Le millésime 2011 serait parfait», lâche Tony, sourire éclatant aux lèvres.